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UN CAFÉ

Près d’une gare de chemin de fer, à l’angle d’un square, se trouve un musée d’histoire naturelle où l’on joue et où l’on boit.

L’endroit est somnolent et placide. C’est le café d’abonnés, sans clients de passage, le café dont la porte ne s’ouvre que sur des visages connus qui provoquent, dès leur entrée, des hourras et des rires ; c’est le café où dix rentiers réunis tous les soirs autour d’une table échangent, en battant les cartes, de médiocres aperçus sur la politique et s’intéressent longuement aux grossesses de la patronne et de la chatte ; c’est l’estaminet où chacun possède une pipe avec son nom émaillé, une pipe de jour de l’an offerte par le garçon qui dormasse, d’invariable mémoire, le nez sur un journal et jette un piteux et traînant « voilà » quand on lui commande un nouveau bock.

L’aspect de la salle est étrange ; au-dessus de divans à boutons, capitonnés de cuir chocolat, deux