Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/185

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Mais une période intermédiaire avait existé, entre celle où ces turbulences du sang le bouleversaient et celles où, incurieux, presque impuissant, il restait là, chez lui, dans un fauteuil, auprès du feu. Vers les vingt-sept ans, le dégoût l’avait pris des femmes en carte, éparses dans son quartier ; il avait désiré un peu de cajolerie, un peu de caresse ; il avait rêvé de ne plus se précipiter à la hâte sur un divan, mais bien de temporiser et de s’asseoir. Comme ses ressources l’obligeaient à n’entretenir aucune fille, comme il était malingre et ne possédait aucun talent de société, aucune gaieté libertine, aucun bagou, il avait pu, tout à son aise, réfléchir sur la bonté d’une Providence qui donne argent, honneur, santé, femme, tout aux uns et rien aux autres. Il avait dû se contenter encore de banales dînettes, mais comme il payait davantage, il était expédié dans des salles plus propres et dans des linges plus blancs.

Une fois, il s’était cru heureux ; il avait fait connaissance d’une fillette qui travaillait ; celle-là lui avait bien distribué des à-peu-près de tendresse, mais, du soir au lendemain, sans motifs, elle l’avait lâché, lui laissant un souvenir dont il eut de la peine à se guérir ; il frémissait, se rappelant cette époque de souffrances où il fallait quand même aller à son bureau et quand même marcher. Il est vrai qu’il était encore jeune et qu’au lieu de s’adresser