Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/198

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que des coups furieux de sonnettes partaient dans les couloirs, suivis de bruits de pas et de claquements de portes. Puis le silence reprenait avec le doux clapotis des robinets, et toutes ses détresses fuyaient à la dérive ; dans la cabine, voilée d’une vapeur d’eau, il rêvassait et ses pensées s’opalisaient avec la buée, devenaient affables et diffuses. Au fond, tout était pour le mieux ; il s’embêtait. Eh ! Mon Dieu, chacun n’a-t-il pas ses ennuis ? Il avait, dans tous les cas, évité les plus douloureux, les plus poignants, ceux du mariage. « Il fallait que je fusse bien bas, le soir où j’ai pleuré sur mon célibat, se dit-il. Voyez-vous cela, moi, qui aime tant à m’étendre, en chien de fusil, dans les draps, forcé de ne pas bouger, de subir le contact d’une femme, à toutes les époques, de la contenter alors que je souhaiterais simplement de dormir !

Et encore, si l’on ne procréait aucun enfant ! si la femme était vraiment stérile ou bien adroite, il n’y aurait que demi-mal ! — mais, est-on jamais sûr de rien ! et alors ce sont de perpétuelles nuits blanches, d’incessantes inquiétudes. Le gosse braille, un jour, parce qu’il lui pousse une quenotte ; un autre jour, parce qu’il ne lui en pousse pas ; ça pue le lait sûr et le pipi, par toute la chambre ; enfin, il faudrait au moins tomber sur une femme aimable, sur une bonne fille ; oui, va-t’en voir si elles viennent, Jean ; avec ma déveine