Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout ! — Ils ne sont bons qu’à enduire les portions qu’on leur apporte, de l’immuable sauce blanche, s’il s’agit d’une comédie, et de l’éternelle sauce rousse, s’il s’agit d’un drame. Ils sont incapables d’inventer une troisième sauce ; d’ailleurs, la tradition ne le permettrait pas.

« Ah ! Ce sont de bien vulgaires routiniers que ces êtres-là ! Seulement, il faut leur rendre justice, ils s’entendent à la réclame, car ils ont emprunté aux grands magasins d’habits l’homme décoré qui se tient bien en vue dans les rayons et qui rehausse par sa présence le prestige de la maison et attire la clientèle ! »

— Oh ! Voyons, monsieur Folantin...

— Il n’y a pas de « voyons », c’est ainsi, et, au fond, je ne suis pas fâché de cette occasion qui se présente de donner mon avis sur le magasin de M. Coquelin. Sur ce, cher monsieur, me voici à destination. Je suis enchanté de notre rencontre. À bientôt, j’espère, et à l’avantage de vous revoir.

Les conséquences de cette soirée furent salutaires. Au souvenir de cette fatigue, de cette gêne, M. Folantin s’estimait content de dîner où bon lui semblait et de demeurer, pendant toute une soirée, dans sa chambre ; il jugea que la solitude avait du bon, que ruminer ses souvenirs et se conter à soi-même des balivernes était encore préférable à la compagnie des gens dont on ne partageait ni les