Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/222

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froid qui commençait, l’appétit agissait plus régulièrement, et il attribuait cette amélioration aux vins créosotés et aux préparations de manganèse qu’il absorbait. « J’ai donc enfin expérimenté une médication moins infidèle et plus active que les autres », pensait-il. Et il la recommandait à toutes les personnes qu’il rencontrait.

Il atteignit ainsi l’hiver ; mais, aux premières neiges, sa mélancolie reparut. Le bouillon où il stationnait depuis l’automne le lassa et il recommença à brouter, au hasard, tantôt ici et tantôt là. Plusieurs fois il franchit les ponts et tenta de nouveaux restaurants ; mais, dans une bousculade, les garçons filaient, ne répondant pas aux appels, ou bien ils vous lançaient votre plat sur la table et fuyaient quand on leur réclamait du pain.

La nourriture n’était pas supérieure à celle de la rive gauche et le service était arrogant et dérisoire. M. Folantin se le tint pour dit et il resta désormais dans son arrondissement, bien résolu à ne plus en démarrer.

Le manque d’appétit lui revint. Il constata une fois de plus l’inutilité des stomachiques et des stimulants, et les remèdes qu’il avait tant prônés allèrent rejoindre les autres, dans une armoire.

Que faire ? La semaine s’égouttait encore, mais c’était le dimanche qui lui pesait.

Jadis, il badaudait dans des quartiers déserts ; il