Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/229

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— Maintenant, reprit-il, en bredouillant un peu, voilà, je voudrais un potage, un plat de viande et un légume, quel serait le prix ?

La dame parut s’absorber dans des réflexions, murmurant, les yeux au ciel... potage... viande... légume.

— Vous ne prenez pas de vin ?

— Non, j’en ai chez moi.

— Eh bien, monsieur, dans ces conditions-là, ce serait deux francs.

La figure de M. Folantin s’éclaira.

— Soit, dit-il, c’est convenu ; et quand pourrons-nous commencer ?

— Mais quand il vous plaira, ce soir, si vous voulez.

— Ce soir même, Madame.

Et il s’inclina et fut salué par une courbette si profonde, dans le comptoir, que le nez de la dame faillit creuser les saint-honorés et percer les tartes.

Dans la rue, M. Folantin s’arrêta, après quelques pas. « Ça y est ! en voilà une chance, se dit-il ; puis, sa joie se modéra. Pourvu que cette boustifaille ne soit que médiocre. Baste ! J’ai subi, dans ma pauvre vie, tant d’exécrables plats que je n’ai pas le droit de me montrer difficile. Elle est gentille, cette dame, reprit-il ; ce n’est pas qu’elle soit jolie, mais elle a des yeux bien expressifs ; pourvu qu’elle fasse de bonnes affaires ! » Et, tout en reprenant sa trotte, il souhaita la prospérité de la pâtissière.

Ensuite, il s’ingénia à parer au désordre du