Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/304

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voyons, parlons peu, mais parlons bien : Sophie comment allez-vous faire demain ?

La jeune fille eut un geste douloureux d’épaules.

— Il faudrait peut-être aller voir le propriétaire, hasarda Madame Champagne, et lui demander un répit de quelques jours.

— Oh ! c’est des bourgeois ! ils s’entendent toujours entre eux contre le pauvre monde ! laissa échapper, dans une confuse lueur de bon sens, Madame Dauriatte.

— Le fait est que le vieux lui a certainement rendu visite, afin de pouvoir emporter demain les meubles, murmura Madame Champagne ; il est même bien capable de lui avoir donné de l’argent pour qu’il vous expulse. — Oh ! les sans-cœur ! — Eh, moi, c’est égal, je m’empêcherais, malgré toutes leurs lois, d’être ainsi fichue dehors ; non, vrai, là, ils seraient trop contents !

Elle s’arrêta net, regardant Sophie qui buvait son café, goutte à goutte, avec sa petit cuiller, et elle s’écria :

— Bois pas comme ça, ma fille, ça donne des vents !

— Puis elle demeura, pendant une seconde, absorbée, cherchant à relier le fil de ses idées interrompu par ce conseil ; n’y parvenant pas : — Suffit, reprit-elle ; ce que je voulais dire, en somme, c’est que quand il y en a pour deux, il en a pour trois ; j’ai pas