Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

permanence sur la toilette. Elle avait eu la précaution d’enlever ses robes de l’armoire à glace ; elle n’avait d’abord pas songé aux autres indices, tant cette subite arrivée du père lui troublait la tête ; peu à peu, elle s’aperçut de ces oublis, s’efforça, dans sa maladresse, de cacher les objets compromettants, ne s’imaginant pas qu’elle eût dissipé, par ce soin même, les derniers doutes de M. Lambois.

Lui, avait été on ne peut plus digne. Il acceptait les soins de Sophie, se faisait, économiquement, préparer son dîner par elle, et il daignait même la complimenter de certains plats.

Jamais, il n’avait lancé une allusion au rôle joué par cette femme ; après la mort de son fils seulement, il permit d’entendre qu’il connaissait la vérité, car il remit à Sophie une photographie d’elle qu’il avait trouvée dans l’un des tiroirs entrebâillés du bureau, en lui disant : Mademoiselle, je vous restitue ce portrait dont la place ne saurait plus être désormais dans ce meuble. — Et, dans le tracas d’un enterrement, d’un transport de corps en province, il l’avait en quelque sorte oubliée, ne lui envoyant ni argent, ni nouvelles.

Depuis ce jour, elle avait vécu dans un état voisin de l’hébétude, pleurant toutes les larmes de ses yeux sur son pauvre Jules, malade de fatigue et tourmentée par sa grossesse, vivant avec quelques