Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/45

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résa, et comment allez-vous ? et elle interrompit sa réflexion pour serrer la main à une grande belle fille qui montait les marches, suivie d’un cuirassier.

Fanée et malgré tout jolie sous sa couche d’empois rose, sous ses cheveux taillés en dents de peigne sur le front, elle se pavanait, dans une robe, panier, de pékin rayé satin et faille, noir suie, sous laquelle miroitait un jupon de satin bleu bouillonné, garni de dentelles crème. Un haut de bas bleu-paon et des bottines mordorées parurent, lorsqu’elle ôta, en se renversant un peu en arrière, un immense chapeau d’Artagnan, en peluche grenat, épinglé d’une colombe grise, à gauche.

— Et ça va toujours comme vous voulez ? fit-elle en s’asseyant et en mettant en évidence des doigts chargés de bagues, munis d’ongles polis, en forme de cuiller, d’un rose factice.

— Toi, dit-elle, d’un ton bref, au cuirassier, qu’est-ce que tu veux, du vin ou de la bière ?

— Du vin !

— Garçon, une bouteille ! puis sans plus s’occuper du cuirassier, elle continua :

— Et Léonie ? et sa toux ?

— Ça ne change guère ; on a beau se dire que ce n’est rien, on s’inquiète tout de même ; avec cela, elle n’est pas raisonnable, elle aime trop à danser... du reste, tu vas la voir, elle est là.

Thérésa jeta un regard de côté sur l’énorme soldat