Page:Huysmans - Croquis parisiens.djvu/54

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— Ah ! non, s’écria Léonie. J’en ai assez de votre vin chaud, je veux boire de la bière.

Vivement elles se querellèrent.

— Pourquoi que Mademoiselle ne boirait pas des deux ? proposa l’infirmier.

D’un regard qui le toisa du haut en bas, Mme Haumont apprit à ce soldat à ne point s’immiscer dans ses affaires. Le garçon de café passa.

— Un bock ! dit Léonie.

Mme Haumont hocha la tête.

— Ah ! cette jeunesse, soupira-t-elle.

Puis s’adressant à Louise :

— Eh bien, Louise, et les tabacs, quoi de neuf ?

— La même chose, Madame Haumont, toujours du même tonneau pour ne pas changer. On trime du matin au soir, et l’on gagne à peine.

— Le fait est, reprit la vieille dame en inspectant la toilette de la jeune fille, le fait est que si c’était l’argent du gouvernement qui devait payer du velours comme celui-là... et elle tâta, pleine d’envie, l’étoffe entre l’index et le pouce.

— Je t’écoute ! dit Louise en riant. Ah bien ! il en faudrait rouler des cigarettes !

— Ah ça, et Berthe, comment va-t-elle ?

— Mais, à la douce.

— Elle est toujours aux cigarettes à la main ?

— Mais non, vous ne savez donc pas ; elle travaille maintenant aux cigarettes à la mécanique.