Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/116

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elle affectionnait, s’éleva contre l’abus des champignons dans les sauces, contre sa manie de sucrer les épinards et de cuire à tel point le bœuf qu’il s’effilochait sous le couteau en de longs filaments mous.

Somme toute, il ne pouvait se plaindre. En même temps que ses inepties et que ses balourdises, Mélanie avait rapporté des qualités inconnues aujourd’hui des bonnes : une propreté merveilleuse, un soin rare de ménagère, une certaine affection pour l’intérieur qu’elle balayait. Elle fourbissait, récurait, frottait, du matin au soir, reprisait les nippes, remettait aux chemises des cols et des poignets neufs, menait la maison sans qu’il eût à s’occuper, ni du blanchissage, ni de toutes ces harcelantes et menues sottises qui dégoûtent du célibat les plus opiniâtres et les plus braves.

André se carrait pour l’instant dans son bonheur, se levait tard, traînait en chemise, fumait des cigarettes jusqu’à l’arrivée de sa bonne qui lui apportait les journaux et brossait ses hardes, puis il allait se promener, revenait pour déjeuner, classait ses notes, en attendant qu’il reprît son livre arrêté depuis le désarroi survenu dans son ménage.

Dérangé et un peu offusqué tout d’abord par la disposition nouvelle de ses meubles, estimant qu’ils étaient en comparaison de ceux qu’il possédait jadis dans une vaste pièce, singulièrement étriqués dans ce petit réduit, il parvint peu à peu, à mesure que le souvenir de son salon d’homme marié s’atténuait, à trouver