Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/132

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rent désunis. L’épisode du dîner ne laissait aucun doute sur les dispositions malveillantes de Berthe. André ne vit bientôt plus son ami que chez les Désableau qui l’invitaient dans l’espoir qu’il rentoilerait pour rien un portrait de famille. Ainsi étaient justifiées les prophéties de Cyprien : pécore ignorante et grincheuse, amis fichus à la porte, et enfin, éclatant comme la gerbe finale, comme le bouquet de ces embêtements, le cocuage opéré par un gommeux fade.

Ce fut pour André, du reste, un bonheur que de se retrouver près du peintre, car celui-ci soufflait avec ses fièvres, des ardeurs de travail aux autres. Il poussait maintenant André, l’épée dans les reins, n’acceptant plus l’excuse des habitudes rompues et du logement fraîchement habité. Il le talonna de telle sorte qu’André se réattela à son livre.

La machine semblait avoir réparé ses rouages mais elle fonctionnait avec lenteur. Il s’appesantissait des journées entières sur une page, mais il était, somme toute, très satisfait. La mise en train de son œuvre était terminée, il n’avait plus d’inquiétude, ne doutait pas qu’il ne pût prochainement abattre de la besogne comme au bon temps et il passait des journées charmantes de labeur et de flâne, s’escrimant à petits coups, se frottant joyeusement les mains, s’installant au soleil sur sa terrasse, fumant des cigarettes, regardant curieusement par les fenêtres d’un Ministère situées vis-à-vis des siennes l’intérieur des bureaux, des enfilades de cartons verts à poignées de cuivre,