Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/147

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pour l’air enfin qu’elle dégage. Sans elle, son logement lui semblait maussade.

Incapable de tout travail, fatigué par toute lecture, opprimé par un accablement sans fin, torturé par les sourdes rébellions de la nature qui s’insurgeait contre cette vie cloîtrée, il regardait le jour tomber peu à peu et il éprouvait dans cette détresse que verse la brune, une triste et consolante pitié, il sentait comme une sorte de doux appui qui lui venait.

Des rêves de garçonnet, des fraîcheurs niaises de galopin éclosaient dans ce navrement. Il avait eu, de même que bien d’autres, des idéals tués sous lui, et des souvenirs d’amours enfantines se réveillaient tout d’un coup chez ce sceptique.

Une jeune fille qu’il n’avait pourtant pas aimée ainsi qu’il est convenu qu’on aime dans les romans, mais qui lui avait plu, qui avait été la première à le charmer, au sortir du collège, l’obséda. Il se remémora avec une vivacité étonnante d’impression, des journées à la campagne, des tête-à-tête, un peu en avant des parents soupçonneux, des rires étouffés, des bêtises de fleurs cueillies, toute une cour passionnée qui lui avait fait hausser les épaules plus tard, au moment où elle s’était mariée.

Il se rappela plus nettement encore une certaine scène, un soir. Tandis que la famille jouait à la bouillotte, dans le salon, ils étaient allés se promener dans le parc, sous des châtaigniers. Elle s’était assise sur un banc, dans l’ombre, et lui avait dit, d’une voix changée : Assieds-toi là – et, ils étaient restés sans