Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/153

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et ruminait ses embêtements, avait hâte de dormir pour oublier et il restait poursuivi, même dans son sommeil, d’un indécis ennui qui le faisait tressauter, tout à coup, avec cette angoisse terrifiante de quelqu’un qui dégringole un escalier, en rêve.

Ces crises juponnières se rapprochaient de plus en plus fréquentes. Autrefois, elles le traquaient pendant un jour ou deux et disparaissaient durant des semaines entières ; aujourd’hui elles s’éternisaient et lorsqu’elles paraissaient avoir enfin quitté la place, elles surgissaient de nouveau sous le plus futile prétexte de pensée.

André se demanda si la chasteté de ses sens devenus tardifs, ne contribuait pas à le jeter dans ces phases de découragement et de tristesse.

De même que ces malades abandonnés qui, devant l’annonce d’un médicament infaillible, se persuadent avant même d’en avoir usé et malgré les déboires qu’ils ont endurés déjà devant des réclames semblables, que celui-là est plus actif et que, seul il aura la vertu de les remettre sur pied, André eut une minute de joie et se crut sauvé. Il voulut tâter de noces guérissantes, s’aiguisa les sens par des souvenirs lascifs et, à diverses reprises il se livra, par raison, à de consciencieuses ribotes.

Il obtint, en effet, une espèce de soulagement ; il rentrait chez lui brisé et dormait d’une traite. Le lendemain il se sentait quelque lourdeur de tête, mais les jupes ne le tourmentaient plus. Ses désirs de tendresse