Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/186

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d’un tartan à damiers verts et noirs servant d’enveloppe à un paquet de manteaux et de châles, à des parapluies et à des cannes dont les pommes et les bouts sortaient. Si anéanti qu’il fût, il sourit, observant que le garçon rapportait comme d’habitude la monnaie à celui des deux voyageurs qui ne lui avait pas remis la pièce.

Il commençait cependant à voir plus clair. Des éclats de soleil qui perçaient les carreaux de la devanture, allumant le dessous-rouge des lettres en cuivre collées sur les vitres et vues à l’envers, de l’intérieur du café, le réjouirent. Il s’amusa à déchiffrer « déjeuner à la fourchette » qui décrivait une courbe sur le verre, puis, ragaillardi par une gorgée de tisane noire, il se félicita de l’aubaine de sa nuit. Il avait eu vraiment de la veine. Au lieu de l’insoutenable mendiante que son expérience des amours parisiennes lui faisait craindre, il était tombé sur une bonne fille, accorte, peu chipotière, se confiant en la loyauté de ses pratiques. Il avait, à un autre point de vue, été également charmé. À la place de la boutiquière voulant épargner des avaries à sa marchandise, ne laissant toucher qu’avec mauvaise grâce à ses moindres jouets, il avait découvert une négociante, offrant d’elle-même l’essai, heureuse de procurer aux acheteurs le plaisir qu’elle goûtait à vendre.

L’ennui de coucher dans une chambre qui n’est la sienne, la difficulté de ne pas regretter le seul bonheur qui soit peut-être complet sur la terre, être au