Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

désir de montrer une force de caractère qu’il n’avait point, il répondait négligemment : ma foi, oui, il y avait trop longtemps que je la connaissais, je l’ai lâchée !

Mélanie qui craignait tout autant l’arrivée d’une maîtresse que la rentrée de la femme légitime dans un ménage qu’elle administrait, au mieux de ses intérêts, s’étendit, ce jour-là, longuement, sur les vices de ces « créatures » comme elle les appelait et elle horripila tellement son maître par les contes à dormir debout qu’elle lui débita sur des cocottes d’officiers qui demeuraient, dans sa rue, au Gros-Caillou, qu’André perdit toute mesure et la pria d’aller surveiller le pot au feu, dans sa cuisine.

Ne pouvant se rendre compte qu’elle était douée de façon à exaspérer les plus patients, Mélanie conclut que les colères de son maître étaient suscitées par les désagréments de sa rupture. Elle devinait d’ailleurs, avec son instinct de femme habituée à mener militairement son homme, qu’André n’était pas capable de mâter une femme. Elle prit alors des airs soucieux et discrets, persuadée en fin de compte que c’était André qu’on avait lâché.

Toutes ces simagrées, toutes ces singeries dont d’autres gens se seraient à peine occupés, désespérèrent André. Son épiderme naturellement souffreteux d’esprit, s’était singulièrement sensibilisé depuis le malheur survenu dans son ménage. Peu à peu, cependant une période d’apaisement s’annonça. Ce remède qui lui avait paru souverain pour couper fièvre juponnière,