Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/254

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fit-elle, très bas ; tu sais, Mélanie me l’a demandé comme un service.

Il ne voulut pas désobliger Jeanne et irriter la bonne ; il octroya gracieusement le congé et Jeanne, le lendemain, se déclarant un peu souffrante, hasarda qu’il serait plus agréable de manger au coin du feu et proposa d’envoyer Mélanie chercher les provisions. André accepta ; il consentit même à ne pas dîner dans la salle à manger parce qu’il était plus mignon de s’installer comme autrefois dans la chambre et il fut récompensé de son obéissance par la grande joie de Jeanne qui, le ventre enveloppé d’une serviette, la mine délurée et bien portante, dressait la table, baisait son petit homme sur les joues, lui soufflait dans l’oreille : hein ? – n’est-ce pas que c’est amusant ? – parlait des anciennes portions qu’il faisait, au temps jadis, au temps où il n’avait point de bonne, monter d’une gargotte du voisinage, affirmait, malgré les observations d’André débinant les plats figés trimballés dans une serviette au travers des rues, qu’elle aimait mieux manger comme cela, à la flan, sans pose, plutôt que de changer tout le temps d’assiettes et de dîner en cérémonie, au son du timbre.

André sourit. – Mon petit minouchon, dit-il, avoue que Mélanie t’effraie encore ?

Elle nia, toute rouge. – Voyons, je ne suis plus une enfant pour avoir peur d’une bonne ! Non, je préfère le tête-à-tête, à table, simplement parce qu’il est ennuyeux d’avoir constamment quelqu’un derrière