Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/266

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migraine, elle lui posa doucement des compresses sur le front, l’embrassant comme un enfant que l’on console, lui disant dans un baiser : eh bien, et la tétête va-t-elle mieux, chéri ?

Elle avait eu, ce soir-là, un façon charmante de calmer la maladie. André qui restait, d’ordinaire, en proie aux soins de sa bonne, trouvait bien chez elle une servante correctement dévouée jusqu’aux heures de ses départs, mais il souffrait atrocement alors que, ne pouvant supporter la lumière et le bruit, Mélanie apportait brusquement une lampe, fichait une tasse par terre, l’assaillaît d’offres inutiles, le bourrait, à contre-sens, de tisanes, le harcelait jusqu’à ce qu’il eût avalé d’indigestes soupes.

Quant à Berthe, elle remplissait, dans ces cas, honnêtement son devoir ; elle envoyait la bonne s’enquérir de temps à autre, si Monsieur n’avait besoin de rien, la sonnait afin qu’elle préparât et portât à André un verre d’eau sucrée à la fleur d’orange, puis à l’heure habituelle elle se déshabillait sur la pointe des pieds, usant, à défaut de caresses, de précautions, murmurant une fois couchée des – « comme tu as chaud, tu dois avoir la fièvre » , tournant le dos et baissant la lampe.

Cette question du lit amenait André à des rapprochements plus intimes encore entre Berthe et Jeanne. Celle-ci triomphait avec ses jolies simagrées, ses frissons et ses remous de corps, sa tête promptement abasourdie et ses mots hachés. L’autre était froide, rigide, acceptant sans bonne grâce, repoussant les