Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/289

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n’avoir pas gardé, comme arme de défense, son parapluie.

Il y eut un instant de silence. – Cyprien, très étonné de cette visite, regardait curieusement Désableau qui croisait et décroisait, l’air absorbé, ses jambes.

— Vous avez déménagé, fit-il, laissant enfin ses jambes en place et, relevant un peu la tête, il considéra la pièce dans tous les sens, murmurant c’est très gentil, très clair ; et, après une pause vous travaillez toujours beaucoup ?

— Beaucoup ; et le peintre désigna, du geste, des aquarelles éparses sur une table.

Désableau se leva, mit son lorgnon et demanda s’il pouvait sans indiscrétion les regarder.

— Comment donc, mais regardez-les tant qu’il vous fera plaisir, mon cher monsieur.

Désableau recula, pris de nausées, devant ces aquarelles qui représentaient toute une gamme de maladies de peaux, tout un clavier de boutons et de dartres.

Il rejeta, indigné, ces planches et, dissimulant mal son dégoût :

— Alors, vous vous amusez à peindre des sujets pareils ?

— Permettez, ce n’est nullement par plaisir que j’enlumine pour la chromo ces aquarelles. J’exécute simplement un travail commandé par un médecin. Je suis obligé d’aller à l’hôpital Saint-Louis, de m’installer dans les salles devant les sujets que l’on me désigne, de faire coller à la diète ceux qui refusent de se laisser peindre et, tout cela pour gagner dix