Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/309

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des notes de médecine et de pharmacie. Fallait-il qu’il eût été niais pour s’être ainsi laissé gruger par des coquines qui se fichaient de lui ! – C’était comme toujours les bonnes filles qui payaient pour les mauvaises. Mélie était venue trop tard… Soudain, la pendule tintant coupa ses réflexions.

Il regarda Mélie, se répétant : l’heure est arrivée, elle va déguerpir. Elle aussi le regarda et, effrayée par la détresse qu’elle lisait dans ses yeux, elle lui caressa le front avec sa main, lui porta de la tisane à boire et lui essuya la bouche.

— Voyons, qu’est-ce que tu as, mon gros ? fit-elle. Il ne répondait pas.

Tu as mal où ça, dis ?

— Il murmura : j’ai un peu de fièvre ; et tristement il se remit à examiner la pendule.

Alors Mélie l’embrassa, un peu rouge, et elle reprit son travail, laissant s’écouler tranquillement les heures.

Du coup, il fut subjugué ; ce simple incident décida de son sort, ses derniers combats cessèrent. Il en venait à craindre maintenant que Mélie refusât le concubinage.

Par pudeur, il résolut d’attendre qu’il fût complètement rétabli pour lui soumettre ses propositions.

— Comme cela, je n’aurai pas l’air d’implorer une grâce, se dit-il ; très guilleret et très bien portant, un soir, il tira sur sa pipe, lâcha une énorme bouffée et, un peu gêné, il s’expliqua, trouvant cela plus facile, sur un mode tout à la fois drôlatique et solennel :