Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/33

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qu’une chose, c’est qu’amours de distinction et amours de rebut, c’est kif-kif, ça se lézarde et ça croule ! Va, faut en prendre son parti, mon cher, dans la vie, on n’a rien à soi. On loge ses affections dans des meublés, jamais dans une chambre qui vous appartienne ! Dame, oui, j’en conviens, c’est dur ; on voudrait avoir son petit lopin de bonheur et en être seul propriétaire ! Ah ! mon ami, ce sont des rêves de paysan qu’on ne réalise pas ! – mais, voyons comment allons-nous nous organiser ? le plus simple serait de louer un lit, nous installerions, là, près de la fenêtre, tu déplierais les lames du paravent et tu serais comme chez toi, hein, qu’en penses– tu ?

— La première chose à faire, dit lentement André, c’est de chercher un petit logement. Je reprendrai les meubles qui m’appartiennent, mes bibelots de garçon ; il faudra aussi que je retrouve mon ancienne femme de ménage, Mélanie ; j’ignore son adresse par exemple, mais puisqu’elle passait son temps chez une blanchisseuse de la rue des Quatre-Vents, je saurai facilement où elle demeure. Je te demanderai seulement un service, je ne veux plus remettre les pieds chez moi, j’établirai une liste des objets à garder, je retiendrai aujourd’hui une voiture et tu iras, toi-même, chez moi, surveiller l’emballage des bibelots et des meubles.

Et il poursuivit, en se frottant fiévreusement les mains :

— Oh ! que j’ai donc hâte que tout cela soit terminé ! j’ai encore de la veine tout de même, c’est le