Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/346

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André s’empara de ses doigts autour desquels il fit lentement tourner les bagues.

— Enfin te voilà donc ! dit-il, en la regardant, tout ému, dans les yeux.

Elle sourit un peu.

— Ah ! je t’ai bien souvent attendue ! reprit-il, emporté par un élan, parlant pour se soulager, mentant sans même en avoir conscience.

Elle lui pressa la main, et avec une expansion qui le surprit et elle finit par avouer qu’elle n’était pas heureuse, mais que jamais cependant elle n’aurait osé venir si elle n’y avait été en quelque sorte forcée par les instances de Cyprien.

— Ah ! tu as vu Cyprien, fit-il.

— Oui, il est venu, un matin, pendant que mon oncle était à son bureau et que ma tante était au marché ; et elle laissa entendre que le peintre lui avait affirmé qu’André serait heureux de la revoir.

— C’est un garçon bien intelligent que Cyprien, dit André en s’éloignant un peu de sa femme, très rouge, honteux que le peintre eût montré à Berthe combien il la désirait. Oui, poursuivit-il d’un ton qu’il essaya de rendre dégagé. Cyprien me parlait souvent de toi et comme il comprenait que la pensée de te savoir malheureuse ou malade me chagrinait, il en aura conclu… Il s’arrêta.

— Il a bien fait, du reste, lança-t-il, vivement, en se rapprochant et en embrassant sa femme qui était devenue, à son tour, très rouge. Sans lui, tu ne serais peut-être pas ainsi près de moi. Méchante, va qui