Page:Huysmans - En menage - ed Fasquelle 1922.djvu/58

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moins froid, l’étendue du caban et de la tunique sur la couchette. On s’endormait, et, le lendemain, à cinq heures et demie, un domestique vous arrachait au lit chaud, avec l’horrible vacarme d’une brosse qu’il tapait entre les rayons du casier aux chaussures.

L’été, c’était peut-être plus épouvantable encore. Tous les quinze jours, le samedi, on se lavait les pieds, dans le réfectoire ; mais, d’aucuns en repuaient le soir même et une odeur fade, une douceur sûre à faire vomir, s’envolait de certaines couches, flottait dans la pièce entière.

Et ça se prolongeait ainsi, pendant des mois, pendant des années ; on quittait une classe pour entrer dans une autre ; on étudiait sur des livres neufs ; on devait admirer les lourdes balivernes d’Horace, le fatras stupéfiant d’Homère, réciter du Racine et du Virgile, du Cicéron et du Boileau, passer en revue tout le solennel ennui des époques classiques, copier des 100 et des 1,000 vers, n’apprendre, au demeurant, rien qui fût utile ; et, les semaines se suivaient, les unes après les autres, apportant la même pâture mal assaisonnée, la même eau rougie ou la même eau pure ; les jours s’écoulaient, également tristes, entre la désolation du lundi matin où l’on se réveillait, consterné par la perspective d’une semaine à vivre et l’espérance qui vous prenait, le jeudi, d’atteindre enfin le dimanche.

Les seules lueurs qui brillaient, dans cette nuit sans fin d’embêtements, se montraient, vers le mois de Juillet, à l’approche des grandes vacances, alors que la discipline se relâchant un peu, on collait, au plafond, avec une