Page:Huysmans - En rade.djvu/231

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L’oncle et le berger éclatèrent de rire.

— Ah çà ! mais, son taureau est impuissant ! dit Jacques alors qu’il revint avec l’oncle.

— Non, c’est un bon robin ; François lui donne trop de fourrage et pas assez d’avène, mais que c’est tout de même un cadet qui flambe !

— Et c’est ainsi, chaque fois qu’on mène une vache au taureau ? c’est aussi peu désordonné et aussi court ?

— Certainement, mon homme ; le robin, il veut plus ou moins vite, mais ça ne tarde pas plus que t’as vu, une fois que ça se fait.

Jacques commençait à croire qu’il en était de la grandeur épique du taureau comme de l’or des blés, un vieux lieu commun, une vieille panne romantique rapetassés par les rimailleurs et les romanciers de l’heure actuelle ! Non, là, vraiment, il n’y avait pas de quoi s’emballer et chausser des bottes molles et sonner du cor ! ce n’était ni imposant, ni altier. En fait de lyrisme, la saillie se composait d’un amas de deux sortes de viandes qu’on battait, qu’on empilait l’une sur l’autre, puis qu’on emportait, aussitôt qu’elles étaient touchées, en retapant dessus !

Sans dire mot, ils arpentaient maintenant la grande route de Longueville, suivis par la vache que l’oncle tirait après lui au bout d’une corde.