Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/115

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mait la patiente discrétion de ce vieux prêtre qui le laissait aller lorsqu’il était en humeur de confidence, l’écoutait avec soin, ne témoignait aucune surprise de ses réduplications charnelles et de ses chutes. Seulement, l’abbé en revenait toujours à ses premiers conseils, insistait pour que Durtal priât régulièrement et se rendît autant que possible, chaque jour, dans les églises. Il ajoutait même maintenant : « l’heure n’est pas indifférente à la réussite de ces pratiques. Si vous voulez que les chapelles vous soient propices, levez-vous à temps pour assister, dès l’aube, à la première messe, à la messe des servantes et ne négligez pas non plus de fréquenter les sanctuaires, quand la nuit tombe. »

Ce prêtre s’était évidemment tracé un plan ; Durtal ne le pénétrait pas encore en son entier, mais il devait constater que ce régime de temporisation et que cette alerte de pensées toujours ramenées vers Dieu par des visites quotidiennes dans les églises, agissaient à la longue sur lui et lui malaxaient peu à peu l’âme. Un fait le prouvait ; lui qui n’avait pu pendant si longtemps se recueillir, le matin, il priait maintenant dès son réveil. Dans l’après-midi même, il se sentait, certains jours, envahi par le besoin de causer humblement avec Dieu, par un irrésistible désir de lui demander pardon, d’implorer son aide.

Il semblait alors que le Seigneur lui frappât l’âme de petites touches, qu’il voulût attirer ainsi son attention et se rappeler à lui ; — mais quand, attendri, gêné, Durtal voulait descendre en lui-même pour le chercher, il errait, vagabondant, ne savait plus ce qu’il disait, pensait à autre chose, en lui parlant.