Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/138

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Au fond, se dressait au-dessus d’un parquet ciré à glace un autel, flanqué, de chaque côté, d’une grille de fer voilée de noir. Ainsi que le prescrit saint François, tous les ornements, le crucifix, les chandeliers, le tabernacle, étaient en bois ; il n’y avait aucun objet de métal exposé, aucune fleur ; le seul luxe de cette chapelle consistait en des vitraux modernes dont l’un représentait saint François d’Assises et l’autre sainte Claire.

Durtal jugeait ce sanctuaire aéré et charmant, mais il n’y séjournait que quelques minutes, car ce n’était point ainsi que dans le Carmel un isolement absolu, une paix noire ; là, toujours, deux ou trois Clarisses trottinaient dans la chapelle, le regardaient en rangeant les chaises, semblaient étonnées par sa présence.

Elles le gênaient et il avait peur, lui aussi, de les gêner, si bien qu’il se retirait, mais cette courte halte suffisait pour effacer ou tout au moins pour amoindrir la funèbre impression du couvent voisin.

Et Durtal s’en revenait, à la fois très apaisé et très inquiet ; très apaisé au point de vue lubrique, très inquiet sur le parti qu’il devait prendre.

Il sentait monter, grandir, de plus en plus, en lui, ce souhait d’en finir avec ces litiges et avec ces transes et il pâlissait dès qu’il songeait à renverser sa vie, à renoncer à jamais aux femmes.

Mais s’il avait encore des hésitations et des craintes, il n’avait déjà plus la ferme intention de résister ; il acceptait en principe maintenant l’idée d’un changement d’existence, seulement il tâchait de retarder le jour, de reculer l’heure, il tentait de gagner du temps.

Puis, de même que les gens qui s’exaspèrent dans