Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/160

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cesse dont presque toute la vie s’était écoulée dans l’exil. Chassée de France par la Révolution et par l’Empire, traquée dans presque tous les pays de l’Europe, elle erra au hasard des monastères, cherchant abri, tantôt chez les Annonciades de Turin et chez les Capucines du Piémont, tantôt chez les Trappistines de la Suisse et chez les sœurs de la Visitation de Vienne, tantôt encore chez les Bénédictines de la Lithuanie et de la Pologne. Elle avait fini par échouer chez les Bénédictines du comté de Norfolk, lorsqu’elle put rentrer en France.

C’était une femme singulièrement aguerrie dans la science monastique et très experte à diriger les âmes.

Elle voulut que, dans son abbaye, chaque sœur s’offrit au ciel en réparation des crimes commis et qu’elle acceptât les plus pénibles privations pour racheter ceux qui pourraient se commettre ; elle y installa l’Adoration perpétuelle et y introduisit également dans toute sa pureté et, à l’exclusion de tout autre, le plain-chant.

Il s’y est, vous avez pu l’entendre, conservé intact ; il est vrai que, depuis elle, ses religieuses ont reçu des leçons de Dom Schmitt, l’un des moines les plus doctes en cette matière.

Enfin, après la mort de la princesse, qui eut lieu en 1824, je crois, on reconnut que son cadavre exhalait l’odeur de sainteté et, bien qu’elle n’ait pas été canonisée, son intercession est invoquée par ses filles, dans certains cas. C’est ainsi, par exemple, que les Bénédictines de la rue Monsieur s’adressent à elle lorsqu’elles ont perdu un objet et l’expérience démontre que leur