Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/166

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rière eux, la novice, en costume de mariée, parut.

Elle était brune et légère, toute petite, et elle s’avançait confuse, les yeux baissés, entre sa mère et sa sœur ; d’un premier coup d’œil, Durtal la jugea insignifiante, à peine jolie, vraiment quelconque ; et instinctivement il chercha l’autre, gêné quand même dans ses habitudes, par cette absence de l’homme dans un mariage.

Se roidissant contre son émotion, la postulante franchit la nef, pénétra dans le chœur, s’agenouilla à gauche, sur un prie-Dieu, devant un grand cierge, assistée de sa mère et de sa sœur, lui servant de paranymphes.

Dom Étienne salua l’autel, monta ses degrés, s’assit dans un fauteuil de velours rouge, installé sur la plus haute marche.

Alors, l’un des prêtres vint chercher la jeune fille et elle s’agenouilla, seule, devant le moine.

Dom Étienne gardait l’immobilité d’un Bouddha et il en eut le geste ; il leva un doigt et, doucement, il dit à la novice :

— Que demandez-vous ?

Elle parla si bas qu’on l’entendit à peine :

— Mon père, me sentant pressée d’un ardent désir de me sacrifier à Dieu, en qualité de victime en union avec Notre-seigneur Jésus-Christ immolé sur nos autels et de consommer ma vie en Adoration perpétuelle de son divin Sacrement, sous l’observance de la règle de notre glorieux Père saint Benoît, je vous demande humblement la grâce du saint habit.

— Je vous l’accorderai volontiers, si vous croyez pouvoir conformer votre vie à celle d’une victime vouée au Saint-Sacrement.

Et elle répondit d’un ton plus assuré :