Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/175

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tes ! Ah ! réparer les péchés du monde, si vous saviez ce que c’est ! — Tenez, je me rappelle, à ce propos, qu’un jour l’abbesse des Bénédictines de la rue Tournefort me disait : comme nos larmes ne sont pas assez saintes, comme nos âmes ne sont pas encore assez pures, Dieu nous éprouve dans notre corps. Il y a, ici, des maladies longues et dont on ne guérit pas, des maladies que les médecins renoncent à comprendre ; nous expions pour les autres beaucoup ainsi.

Mais si vous recensez la cérémonie de tout à l’heure, il ne sied pas de vous attendrir devant elle outre mesure et de la comparer au spectacle connu des funérailles ; la postulante que vous avez vue n’a pas encore prononcé les vœux de sa profession ; elle peut donc, si elle le désire, se retirer du couvent et rentrer chez elle. À l’heure présente, pour la mère, elle est une fille exilée, une fille en pension, mais elle n’est pas une fille morte !

— Vous direz ce qui vous plaira, mais cette porte qui se referme sur elle est tragique !

— Aussi, chez les Bénédictines de la rue Tournefort, la scène a-t-elle lieu dans l’intérieur du couvent et sans que la famille y assiste ; la mère est épargnée, mais ainsi mitigée, cette cérémonie n’est plus qu’une étiquette banale, qu’une formule presque penaude dans ce huis clos où la Foi se cache.

— Et elles sont également des Bénédictines de l’Adoration perpétuelle, ces nonnes-là ?

— Oui, connaissez-vous leur monastère ?

Et Durtal faisant signe que non, l’abbé reprit :

— Il est plus ancien, mais moins intéressant que celui de la rue Monsieur ; la chapelle y est mesquine, pleine