Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corps, car, en pareil cas, c’est à Dieu qu’il appartient de réagir contre ses défaillances ; je vous le dis, vous ne serez pas malade à la Trappe, car ce serait absurde ; ce serait le renvoi du pécheur pénitent et Jésus ne serait plus le Christ alors ! — mais parlons de votre âme. — Ayez donc le courage de la toiser, de la regarder bien en face ; la voyez-vous ? Reprit l’abbé, après un silence.

Durtal ne répondit pas.

— Avouez donc, s’écria le prêtre, qu’elle vous fait horreur !

Ils firent quelques pas dans la rue et l’abbé reprit :

— Vous affirmiez être soutenu par les foules de Notre-Dame des Victoires et les effluves de Saint-Séverin. Que sera-ce donc alors, dans l’humble chapelle où vous serez pêle-mêle, par terre, avec des saints ? je vous garantis, au nom du Seigneur, une aide telle que jamais vous n’en eûtes et, poursuivit-il en riant, j’ajoute que l’Eglise se fera belle pour vous recevoir ; elle sortira ses parures maintenant omises : les authentiques liturgies du Moyen Age, le véritable plain-chant, sans solos, ni orgues.

— Écoutez, vos propositions m’ahurissent, fit péniblement Durtal. Non, je vous assure, je ne suis pas du tout disposé à m’emprisonner dans un lieu pareil. Je sais bien qu’à Paris, je n’arriverai à rien ; je ne suis ni fier de ma vie, ni content de mon âme, je vous le jure, mais de là… à… ou alors, je ne sais pas, moi ; il me faudrait au moins un asile mitigé, un couvent doux. Il doit pourtant y avoir, dans ces conditions, des lazarets d’âmes ?

— Je ne pourrais que vous envoyer chez les Jésuites