Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/205

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votre volonté est sauve, vous le savez, mais vous savez aussi que, si vous repoussez ces invites, vous assumez pour l’avenir d’indiscutables risques.

En somme, poursuivit Durtal, il y a là influx angélique, touche divine ; il y a là quelque chose d’analogue à la voix interne si connue des mystiques, mais c’est moins complet, moins précis, et pourtant c’est aussi sûr.

Et, songeur, il conclut : ce que je me serais rongé, ce que je me serais colleté avec moi-même, avant de pouvoir répondre à ce prêtre dont les arguments ne me persuadaient guère, si je n’avais eu ce secours imprévu, cette aide !

Mais alors, puisque je suis mené par la main, qu’ai-je à craindre ?

Et il craignait quand même, ne parvenait pas à se pacifier ; puis, s’il avait profité du bien-être d’une décision, il était miné pour l’instant par l’attente d’un départ.

Il essayait de tuer les journées dans des lectures, mais il devait constater, une fois de plus, qu’il n’y avait de consolations à attendre d’aucun livre. Nul ne se rapprochait, même de loin, de son état d’âme. La haute Mystique était si peu humaine, planait à de telles altitudes, loin de nos fanges, qu’on ne pouvait espérer d’elle un souverain appui. Il finissait par se rejeter sur l’« Imitation », dont la Mystique mise à la portée des foules, était une tremblante et plaintive amie qui vous pansait dans les cellules de ses chapitres, priait et pleurait avec vous, compatissait, en tout cas, au veuvage éploré des âmes.

Malheureusement, Durtal l’avait tant lue et il était si saturé des Evangiles, qu’il en avait temporairement épuisé les vertus parégoriques et les calmants. Las de