Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/247

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— Non, mon père ; pourtant si vous pouviez m’ obtenir un peu plus d’eau…

— Rien n’est plus simple ; je vous en ferai monter, tous les matins, une grande cruche.

— Je vous remercie… voyons, je viens d’étudier le règlement…

— Je vais vous mettre tout de suite à votre aise, fit le moine. Vous n’êtes astreint qu’à la plus stricte exactitude ; vous devez pratiquer les offices canoniaux, à la lettre. Quant aux exercices marqués sur la pancarte, ils ne sont pas obligatoires ; tels qu’ils sont organisés, ils peuvent être utiles à des gens très jeunes ou dénués de toute initiative, mais ils gêneraient, à mon sens du moins, plutôt les autres ; d’ailleurs, en thèse générale, nous ne nous occupons pas, ici, des retraitants, — nous laissons agir la solitude, — c’est à vous qu’il appartient de vous discerner et de distinguer le meilleur mode pour employer saintement votre temps. Donc, je ne vous imposerai aucune des lectures désignées sur ce tableau ; je me permettrai seulement de vous engager à dire le Petit Office de la Sainte Vierge ; l’avez-vous ?

— Le voici, dit Durtal, qui lui tendit une plaquette.

— Il est charmant, votre volume, dit le père Etienne qui feuilleta les pages luxueusement imprimées en rouge et noir. Il s’arrêta à l’une d’elles et lut tout haut la troisième leçon des Matines.

— Est-ce beau ! s’écria-t-il. — La joie jaillissait soudain de cette figure ; les yeux s’illuminaient, les doigts tremblaient sur la plaquette. — Oui, fit-il, en la refermant, lisez cet office, ici surtout, car, vous le savez, la vraie patronne, la véritable abbé des Trappes, c’est la Sainte Vierge !