Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une telle ferveur qu’il semblait s’effuser du sol, devant la Vierge.

Il arriva dans un état affreux à l’auditoire et s’effondra sur une chaise ; puis, ainsi qu’une bête traquée qui se croit découverte, il se dressa et, perturbé par la peur, emporté par un vent de déroute, il songea à fuir, à aller chercher sa valise, à s’élancer dans un train.

Et il se retenait, indécis, tremblant, l’oreille aux aguets, le cœur lui battant à grands coups ; il écoutait des bruits lointains de pas. — Mon Dieu ! fit-il, épiant ces pas qui se rapprochaient, quel est le moine qui va entrer ?

Le pas se tut et la porte s’ouvrit ; Durtal, terrifié, n’osa fixer le confesseur, en lequel il reconnut le grand trappiste, au profil impérieux, celui qu’il croyait être l’abbé du monastère.

Suffoqué, il recula sans proférer un mot.

Surpris de ce silence, le prieur dit :

— Vous avez demandé à vous confesser, Monsieur ?

Et, sur un geste de Durtal, il lui désigna le prie-Dieu posé contre le mur et lui-même s’agenouilla, en lui tournant le dos.

Durtal se roidit, s’éboula sur ce prie-Dieu et perdit complètement la tête. Il avait vaguement préparé son entrée en matière, noté des points de repère, classé à peu près ses fautes ; il ne se rappelait plus rien.

Le moine se releva, s’assit sur une chaise de paille, se pencha sur le pénitent, l’oreille ramenée par la main en cornet, pour mieux entendre.

Et il attendit.