Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/277

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épisode du Calvaire : la croix qui était faite de tous les péchés du monde pesait sur l’épaule du sauveur d’un tel poids que ses genoux fléchirent et qu’il tomba. Un homme de Cyrène passait là, qui aida le Seigneur à la porter. Vous, en détestant, en pleurant vos péchés, vous avez allégé, vous avez délesté, si l’on peut dire, cette croix du fardeau de vos fautes et, l’ayant rendue moins pesante, vous avez ainsi permis à Notre-Seigneur de la soulever.

Il vous en a récompensé par le plus surprenant des miracles, par le miracle de vous avoir attiré de si loin ici. Remerciez-le donc de tout votre cœur et ne vous désolez plus. Vous réciterez aujourd’hui pour pénitence les Psaumes de la Pénitence et les Litanies des Saints. Je vais vous donner ma bénédiction.

Et le prieur le bénit et disparut. Durtal se releva à bout de larmes ; ce qu’il craignait tant était arrivé, le moine qui devait l’opérer était impassible, presque muet ! hélas ! se dit-il, mes abcès étaient mûrs, mais il fallait un coup de lancette pour les percer !

— Après tout, reprit-il, en grimpant l’escalier pour aller se rafraîchir les yeux dans sa cellule, ce trappiste a été compatissant à la fin, moins dans ses observations que dans le ton dont il les a prononcées ; puis, il convient d’être juste, il a peut-être été ahuri par mes larmes ; l’abbé Gévresin n’avait sans doute pas écrit au P. Étienne que je me réfugiais à la Trappe pour me convertir ; mettons-nous alors à la place d’un homme vivant en Dieu, hors le monde, et auquel on décharge tout-à-coup une tinette sur la tête !

Enfin nous verrons demain ; et Durtal se hâta de se