Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/285

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Et dehors non plus, pensa Durtal, j’ai pourtant bien besoin d’allumer une cigarette. Et il descendit.

Il se heurta dans le couloir au père Étienne qui lui fit aussitôt observer qu’il ne l’avait pas vu à sa place pendant l’office. Durtal s’excusa de son mieux. Le moine n’insista pas, mais Durtal comprit qu’il était surveillé et se rendit compte que, sous ses allures bon enfant, l’hôtelier devait, dès qu’il s’agissait de discipline, vous serrer la gorge dans un garrot de fer.

Il n’en douta plus lorsqu’à l’heure des Vêpres, il s’aperçut que le premier regard du moine en entrant dans la chapelle était pour lui, mais il était si veule, si endolori, ce jour-là, qu’il ne s’en occupa guère.

Ce changement brusque d’existence, ces heures de sa vie habituelle si complètement transformées l’ahurissaient et, de sa crise du matin, il avait conservé une sorte de torpeur qui lui brisait tout ressort. Il vécut cette fin de journée à la dérive, ne pensant plus à rien, dormant debout ; et quand le soir fut venu, il s’écroula sur son lit comme une masse.