Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/312

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J’ai l’âme exténuée, pensa-t-il, j’agirai sagement en la laissant reposer, en demeurant tranquille.

Il erra autour de l’étang, ne sachant plus que devenir. Si j’allais dans ma cellule ? — Il s’y rendit, essaya de s’absorber dans le Petit Office de la Vierge et il ne saisit pas un seul mot des phrases qu’il lisait. Il redescendit et recommença à rôder dans le parc.

— Il y a de quoi devenir fou ! se cria-t-il — et, mélancoliquement, il se répéta : je devrais être heureux, prier en paix, me préparer à l’acte de demain et jamais je n’ai été si inquiet, si bouleversé, si loin de Dieu !

— Il faut pourtant que j’achève cette pénitence ! Le désespoir l’abattit, il fut sur le point de tout lâcher ; il se mata encore, s’astreignit à épeler ses grains.

Il finit par les expédier ; il était à bout de forces.

Et aussitôt il trouva un nouveau moyen de se torturer.

Il se reprocha d’avoir geint ces prières, négligemment, sans même avoir sérieusement, tenté d’agréger ses sens.

Et il fut sur le point de recommencer tout le chapelet ; mais devant l’évidente folie de cette suggestion, il se cabra, se refusa de s’écouter, puis il se harcela encore.

— Il n’en est pas moins vrai que tu n’as pas exactement rempli la tâche assignée par le confesseur, puisque ta conscience te reproche ton manque de recueillement, tes diversions.

Mais je suis crevé ! se cria-t-il, je ne puis, dans cet état, réitérer ces exercices ! — et, cette fois encore, il aboutit, pour se départager, à s’inventer un nouveau joint.

Il pourrait compenser par une dizaine, réfléchie, pro-