Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/315

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Il glissa son bras sous celui de Durtal, le ramena à l’auditoire, le pria d’attendre et disparut.

Quelques minutes après, le prieur entrait.

— Eh bien ! dit-il, M. Bruno me raconte que vous souffrez. Qu’ y a-t-il, au juste ?

— C’est si bête que j’ai honte de m’expliquer.

— Vous n’étonnerez jamais un moine, fit le prieur, en souriant.

— Eh bien, je sais pertinemment, je suis sûr que vous m’avez donné dix grains de chapelet à débiter, pendant un mois, chaque jour, et, depuis ce matin, je me dispute, contre toute évidence, contre tout bon sens pour me convaincre que c’est de dix chapelets quotidiens que se compose ma pénitence.

— Prêtez-moi votre chapelet, dit le moine, et regardez ces dix grains ; eh bien ! c’est tout ce que je vous avais prescrit et c’est tout ce que vous aurez à réciter. Alors, vous avez égrené dix chapelets entiers, aujourd’hui ?

Durtal fit signe que oui.

— Et, naturellement, vous vous êtes embrouillé, vous vous êtes impatienté et vous avez fini par battre la campagne.

Et voyant que Durtal souriait piteusement.

— Eh bien ! entendez-moi, déclara le père, d’un ton énergique, je vous défends absolument, à l’avenir, de jamais recommencer une prière ; elle est mal dite, tant pis, passez, ne la répétez pas.

Je ne vous demande même point si l’idée de repousser la communion vous est venue, car cela va de soi ; c’est là où l’ennemi porte tous ses efforts. N’écoutez