Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/317

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Sans doute, se dit-il, je communierai, demain, mais… mais… suis-je bien préparé à un pareil acte ? j’aurais dû me recueillir, dans la journée, j’aurais dû remercier le Seigneur de m’avoir absous, et j’ai perdu mon temps à des sottises !

Pourquoi n’ai-je pas avoué cela tout à l’heure au P. Maximin ? comment n’y ai-je pas songé ? — Puis j’aurais dû me reconfesser. — Et ce prêtre qui doit me communier, ce prêtre !

L’horreur qu’il ressentit pour cet homme s’accrut subitement, devint si véhémente qu’il finit par s’étonner. Ah ça mais, voilà que je suis encore roulé par l’ennemi, se dit-il et il s’affirma :

— Tout cela ne m’empêchera pas de consommer, demain, les célestes Apparences, car j’y suis bien décidé ; seulement, n’est-ce pas affreux de se laisser ainsi épreindre et harceler sans répit par l’Esprit de Malice, de n’avoir aucun indice du ciel qui n’intervient pas, de ne rien savoir ?

Ah ! Seigneur, si j’étais seulement certain que cette communion vous plaise ! — donnez-moi un signe, montrez-moi que je puis sans remords m’allier à Vous ; faites que, par impossible, demain, ce ne soit pas ce prêtre, mais bien un moine…

Et il s’arrêta, confondu lui-même de son audace, se demandant comment il osait solliciter, en le précisant, un signe.

C’est imbécile ! se cria-t-il ; d’abord, on n’a pas le droit de réclamer de Dieu de semblables faveurs ; puis comme il n’exaucera pas ce vœu, j’y aurai gagné quoi ? d’aggraver encore mes angoisses, car j’augurerai quand