Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/357

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mais il était vraiment par trop jeune aussi ! ah çà, est-ce qu’il croyait que, parce qu’un prêtre avait proféré cinq mots latins sur un pain azyme, ce pain s’était transsubstantié en la chair du Christ ? qu’ un enfant accueille de pareilles sornettes, passe encore ! mais avoir franchi la quarantaine et écouter d’aussi formidables bourdes, c’était excessif, presque inquiétant !

Et les insinuations le cinglèrent, comme des paquets de grêle : qu’est-ce qu’un pain qui est du blé avant et qui n’est plus après qu’une apparence ? qu’est-ce qu’un corps dont l’ubiquité est telle qu’il paraît en même temps sur les autels de pays divers ? qu’est-ce qu’une puissance qui se trouve annihilée lorsque l’hostie n’est pas fabriquée avec du pur froment ?

Et cela devint une véritable inondation qui l’ensevelit ; et cependant, de même qu’un imperméable pieu, cette Foi qu’il avait acquise, sans avoir jamais su comment, restait immobile, disparaissait sous des torrents d’interrogation, mais ne bougeait point.

Et il se révolta et se dit : qu’est-ce que cela prouve sinon que la ténèbre sacramentelle de l’Eucharistie est insondable. D’ailleurs, si c’était intelligible, ce ne serait pas divin. Si le Dieu que nous servons pouvait être compris par la raison, il ne vaudrait pas la peine d’être servi, a dit Tauler ; et l’Imitation déclare nettement aussi à la fin de son IVe livre que si les œuvres de Dieu étaient telles que l’intelligence de l’homme pût aisément les saisir, elles cesseraient d’être merveilleuses et ne pourraient être qualifiées d’ineffables.

Et une voix railleuse reprit :