Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/390

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l’action diabolique, tandis qu’une seconde la réprime.

Ah ! ce que je me suis mis dedans, avec tous mes calculs ! En m’abritant ici, je me croyais à peu près sûr de mon âme et mon corps m’inquiétait ; et c’est juste le contraire qui s’est passé.

Mon estomac s’est ravigouré et s’est montré apte à supporter un effort dont jamais je ne l’eusse cru capable et mon âme a été au-dessous de tout, vacillante et sèche, si fragile, si faible !

Enfin, laissons cela.

Il se promena, soulevé de terre par une joie confuse. Il se vaporisait en une sorte de griserie, en une vague éthérisation où montaient, sans même penser à se formuler par des mots, des actions de grâces ; c’était un remerciement de son âme, de son corps, de tout son être, à ce Dieu qu’il sentait vivant en lui et épars dans ce paysage agenouillé qui semblait s’épandre, lui aussi, en des hymnes muettes de gratitude.

L’heure qui sonnait à l’horloge du fronton lui rappela que le moment d’aller déjeuner était venu. Il regagna l’hôtellerie, se coupa une tartine qu’il enduisit de fromage, but un demi-verre de vin et il s’apprêtait à ressortir quand il réfléchit que l’horaire des offices avait changé.

Ils doivent être différents de ceux de la semaine, se dit-il, et il grimpa dans sa cellule pour y consulter les pancartes.

Il n’en découvrit qu’une, celle du règlement même des moines, qui contenait des renseignements sur les pratiques dominicales du cloître et il la lut :