Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/392

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conclut-il ; et quand il arriva à l’église vers neuf heures, il y rencontra la plupart des convers à genoux, les uns faisant leur chemin de croix, les autres égrenant leur chapelet ; et, dès que la cloche tinta, tous se remirent à leur place.

Assisté de deux pères en coule, le prieur, vêtu de l’aube blanche, entra et tandis que l’on chantait l’antienne « Asperges me, Domine, hyssopo et mundabor », tous les moines, à la suite, défilèrent devant le père Maximin, debout sur les marches, tournant le dos à l’autel, et il les aspergea d’eau bénite, alors que, baissant la tête, ils regagnaient, en se signant, leurs stalles.

Puis le prieur descendit de l’autel, vint jusqu’à l’entrée du vestibule où il dispersa l’eau d’une croix, tracée par le goupillon, sur l’oblat et sur Durtal.

Il put enfin s’habiller et vint célébrer le sacrifice.

Alors Durtal put recenser ses dimanches chez les Bénédictines.

Le Kyrie eleison était le même, mais plus lent, plus sonore, plus grave sur la terminaison prolongée du dernier ; à Paris, la voix des nonnes l’effilait et le lissait quand même, satinait le son de son glas, le rendait moins sourd, moins ample. Le « Gloria in excelsis » différait ; celui de la Trappe était plus primitif, plus montueux, plus sombre, intéressant par sa barbarie même, mais moins touchant, car dans ces formules d’adoration dans « l’adoramus te », par exemple, ce « te » ne se détachait plus, ne s’égouttait plus comme une larme d’essence amoureuse, comme un aveu retenu, par humilité, sur le bord des lèvres ; — mais ce fut quand le Credo s’éleva, que Durtal put s’exalter à l’aise.