Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trop chaude, ni trop froide, un peu moins tiède que celle de saint François de Sales et surtout beaucoup moins ardente que celle de sainte Térèse, finit à son tour par déplaire au cormoran de Meaux et, bien qu’il eût lâché et renié Mme Guyon dont il était, depuis de longues années, l’ami, il fut poursuivi, traqué par Bossuet, condamné à Rome, envoyé en exil à Cambrai.

Et, ici, Durtal ne pouvait s’empêcher de sourire, car il se remémorait les plaintes navrées de ses partisans, pleurant cette disgrâce, représentant ainsi qu’un martyr cet archevêque dont la punition consistait à cesser son rôle de courtisan à Versailles pour aller enfin administrer son diocèse qui ne paraissait pas l’avoir préoccupé jusqu’alors.

Ce Job mitré qui restait, dans son malheur, archevêque et duc de Cambrai et prince du Saint-Empire et riche, se désolant parce qu’il est obligé de visiter ses ouailles, dénote bien l’état de l’épiscopat sous le règne redondant du grand Roi. C’était un sacerdoce de financiers et de valets.

Seulement, il avait encore une certaine allure, il avait du talent, dans tous les cas ; tandis que, maintenant, les évêques ne sont, pour la plupart, ni moins intrigants, ni moins serviles ; mais ils n’ont plus ni talent, ni tenue. Pêchés, en partie, dans le vivier des mauvais prêtres, ils s’attestent prêts à tout, sortent des âmes de vieux usuriers, de bas maquignons, de gueux, quand on les presse.

C’est triste à dire, mais c’est ainsi, conclut Durtal. Quant à Mme Guyon, reprit-il, elle ne fut ni une écrivain originale, ni une sainte ; elle n’était qu’une succédanée