Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et, lui aussi, y apparaissait, en un coin, reflété, au bas de la châsse, près de la dépouille sacrée du moine.

A un moment, il releva la tête et il s’aperçut que l’œil de bœuf percé dans la rotonde, derrière le maître-autel, reproduisait, sur sa vitre étamée de gris et de bleu, les marques gravées au revers de la médaille de saint Benoît, les premières lettres de ses formules impératives, les initiales de ses distiques[1].

On eût dit d’une immense médaille claire, tamisant un jour pâle, le blutant au travers d’oraisons, ne le laissant pénétrer que sanctifié, que bénit par le Patriarche, jusqu’à l’autel.

Et tandis qu’il rêvassait, la cloche tinta ; les deux trappistes regagnèrent leurs stalles, pendant que les autres entraient.

A traîner ainsi, dans cette chapelle, l’heure de Sexte était sonnée. L’abbé s’avança. Durtal le revoyait, pour la première fois, depuis leur entretien ; il semblait moins souffrant, moins pâle, marchait majestueux dans sa grande coule blanche, au capuchon de laquelle pendait un gland violet et les pères s’inclinaient, en baisant leur manche devant lui ; il atteignit sa place que désignait une crosse de bois debout près d’une stalle et tous s’emmantelèrent d’un grand signe de croix, saluèrent l’autel et la voix faible, implorante, du vieux trappiste monta : « Deus in adjutorium meum intende ».

Et l’office continua, dans le tangage monotone et charmant de la doxologie, coupé d’inclinations profondes,

  1. L’image diminuée de cet œil de bœuf sert de fleuron à la couverture et à la page-titre de ce livre. — L’explication des signes est donnée au verso de la page-titre.