Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/461

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— Et c’est le frère Siméon qui les a résolus !

— Ah ! vous savez cela… Et il répliqua très simplement à Durtal qui lui parlait de son admiration pour les pauvres convers.

— Vous avez raison, Monsieur ; si vous pouviez causer avec ces paysans et ces illettrés, vous seriez surpris des réponses souvent profondes que ces gens vous feraient ; puis ils sont les seuls qui soient réellement courageux à la Trappe ; nous autres, les pères, lorsque nous nous croyons trop affaiblis, nous acceptons volontiers le supplément autorisé d’un œuf ; eux pas ; ils prient davantage et il faut admettre que Notre Seigneur les écoute, puisqu’ils se rétablissent et ne sont, en somme, jamais malades.

Et à une question de Durtal lui demandant en quoi consistaient ses fonctions de procureur, le moine repartit :

— Elles consistent à tenir des comptes, à être placier de commerce, à voyager, à pratiquer tout, hélas ! sauf ce qui concerne la vie du cloître ; mais nous sommes si peu nombreux à Notre-Dame de l’Atre que nous devenons forcément des maîtres Jacque. Voyez le P. Etienne qui est célerier de l’abbaye et hôtelier, il est aussi sacristain et sonneur de cloches ; moi, je suis également premier chantre et professeur de plain-chant.

Et, tandis que la voiture roulait, cahotée dans les ornières, le procureur affirmait à Durtal qui lui racontait combien les offices chantés de la Trappe l’avaient ravi :

— Ce n’est pas chez nous qu’il convient de les entendre ; nos chœurs sont trop restreints, trop faibles, pour pouvoir soulever la masse géante de ces chants. Il faut