Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/72

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tâche est aisée, en comparaison de celle qu’assument les ordres cloîtrés, les ordres où les pénitences ne s’interrompent jamais, où même les nuits alitées sanglotent !

Il est tout de même plus intéressant que ses confrères, ce prêtre-là, s’était dit Durtal, au moment où ils s’étaient quittés ; et comme l’abbé l’avait invité à venir le voir, il y était plusieurs fois allé.

Il avait toujours été cordialement reçu. À diverses reprises, il avait habilement tâté ce vieillard sur quelques questions. Il répondait évasivement lorsqu’il s’agissait de ses confrères. Il ne paraissait point, cependant, en faire grand cas, si l’on en jugeait par ce qu’il avait répliqué, un jour, à Durtal qui lui reparlait de cet aimant de douleurs que fut Lidwine.

— Voyez-vous, une âme faible et probe a tout avantage à se choisir un confesseur, non dans le clergé qui a perdu le sens de la mystique, mais chez les moines. Eux seuls connaissent les effets de la loi de substitution et s’ils voient que, malgré ses efforts, le pénitent succombe, ils finissent par le délivrer, en prenant à leur compte ses tentations ou en les expédiant dans un couvent de province où des gens résolus les usent.

Une autre fois, la question des nationalités était discutée dans un journal que lui montrait Durtal ; l’abbé avait haussé les épaules et repoussé les balivernes du chauvinisme. Pour moi, avait-il affirmé placidement, pour moi, la patrie, c’est où je prie bien.

Qu’était ce prêtre ? Il ne le savait, au juste. Par le libraire, il avait appris que l’abbé Gévresin était incapable, à cause de son grand âge et de ses infirmités, d’exercer