Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/75

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vais vous demander des conseils que je ne suis pas résolu à suivre, mais j’ai tant besoin de causer, de me débrider l’âme, que je vous supplie de me faire la charité de perdre pour moi une heure.

Et il le fera certainement et de bon cœur.

Alors est-ce entendu ? Si j’y allais, demain ? — et aussitôt il s’ébroua. Rien ne pressait ; il serait toujours temps ; mieux valait réfléchir encore ; ah ! mais j’y pense, voici Noël ; je ne puis décemment importuner ce prêtre qui doit confesser ses clients, car l’on communie beaucoup ce jour-là. Laissons passer son coup de feu, nous verrons après.

Il fut d’abord ravi de s’être inventé cette excuse ; puis, il dut intérieurement s’avouer qu’elle n’était pas trop valide, car enfin rien ne prouvait que ce prêtre, qui n’était pas attaché à une paroisse, fut occupé à confesser des fidèles.

Ce n’était guère probable, mais il essaya de se convaincre qu’il pouvait néanmoins en être ainsi ; et ses hésitations recommencèrent. Exaspéré, à la fin, par ces débats, il adopta un moyen terme. Il n’irait, pour plus de sûreté, chez l’abbé qu’après Noël, seulement il ne dépasserait pas la date qu’il allait se fixer, et il prit un almanach et jura de tenir sa promesse, trois jours après cette fête.