Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout à coup, cette hallucination cessa ; machinalement, son œil était attiré vers le prêtre qui le regardait en parlant bas à un bedeau.

Il perdit la tête, s’imagina que ce prêtre devinait ses pensées et le chassait, mais cette idée était si folle qu’il haussa les épaules et plus sagement se dit que l’on ne recevait sans doute pas d’hommes dans ce couvent de femmes, que l’abbé venait de l’apercevoir et lui dépêchait le bedeau pour le prier de sortir.

Il venait en effet droit à lui ; Durtal s’apprêtait à prendre son chapeau, quand, d’un ton tout à fait persuasif et docile, cet employé lui dit : la procession va commencer ; il est d’usage que les Messieurs marchent derrière le Saint-Sacrement ; bien que vous soyez le seul homme ici, Monsieur L’Abbé a pensé que vous ne refuseriez pas de suivre le cortège qu’on va former.

Ahuri par cette demande, Durtal eut un geste vague dans lequel le bedeau crut discerner une adhésion.

Mais non, se dit-il, lorsqu’il fut seul ; je ne veux pas du tout me mêler à la cérémonie ; d’abord, je n’y connais rien et je gafferais, ensuite je ne veux pas me couvrir de ridicule. Il s’apprêtait à filer sans bruit, mais il n’eut pas le temps d’exécuter son projet ; l’huissier lui apportait un cierge allumé et l’invitait à l’accompagner. Il fit alors contre fortune bon cœur et tout en se répétant : ce que je dois avoir l’air couenne ! Il s’achemina derrière cet individu jusqu’à l’autel.

Là le bedeau l’arrêta et le pria de ne plus bouger. Toute la chapelle était maintenant debout ; le pensionnat de jeunes filles se divisait en deux files précédées d’une femme portant une bannière. Durtal