Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/128

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aussi, sous ce couvert de charité, la vérité, la justice, la franchise ? — ; car enfin, l’hypocrisie, la cagnardise, l’iniquité ne sont très souvent séparées d’elle que par un fil  ; on aide au mal, sous prétexte de ménager les personnes  ; on nuit aux uns, sous couleur de ne point juger les autres et la lâcheté et le désir de ne pas se créer d’ennuis, sournoisement s’en mêlent. Les limites entre cette vertu et ces vices sont habituellement si étroites que l’on ne sait si, à propos de telle ou telle répartie, on ne les a point franchies. — Oui, je ne l’ignore pas, la théorie théologique est celle-ci : se montrer impitoyable pour les actes répréhensibles et miséricordieux pour ceux qui les commettent  ; mais quoi ! Cette doctrine générale ne résoud nullement les cas particuliers — et il n’y a que des cas particuliers en cette matière ! — La frontière à ne point dépasser demeure donc mal délinéée et obscure, sans balustrades qui garantissent du péril, qui préservent des casse-cous !

La misère des âmes confinées en de mesquines fautes ! Et la détresse qu’elles éprouvent à voir qu’elles piétinent constamment sur la même place, qu’elles ne gagnent sur elles aucune avance !

Il faut se dire pour se désattrister pourtant, qu’en raison de notre déchéance, il est impossible de rester indemne, qu’il en est des brindilles et des fétus peccamineux comme de ces grains de poussière qui emplissent, qu’on le veuille ou non, les pièces. On les balaie dans de fréquentes confessions, — et, ce nettoyage exécuté, d’autres reviennent ; — c’est toujours à recommencer  ; bien heureux encore lorsque ces égrugeures de négligences ne s’accumulent point à votre insu et ne forment