Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/200

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dans ses mains, tous se relevèrent ; l’Abbé gagna son trône près duquel se postèrent les trois diacres d’honneur ; et le prie-dieu vert fut remisé.

Le chœur était plein ; les deux rangs des stalles du haut étaient occupés, de chaque côté, par les coules noires des profès et des novices, celles du bas par les coules brunes des convers et, au-dessous d’eux, sur des bancs, fulminaient les robes vermillon des enfants de chœur ; et c’était, dans l’espace laissé vide, les allées et venues des cérémoniaires et du porte-crosse, le va-et-vient des autres porte-insignes, du porte-bougeoir et du porte-mitre ; et ces exercices étaient si expertement réglés que, dans une étendue très restreinte, tous évoluaient, se croisaient, les uns dans les autres, sans jamais se gêner.

L’Abbé commença l’office.

Ainsi que l’avait prévu le père Felletin, l’enchantement de l’invitatoire agit aussitôt sur Durtal. On chantait le psaume habituel « Venite exultemus » conviant les chrétiens à adorer le seigneur, coupé, après chaque strophe, par le refrain, tantôt abrégé, « le Christ nous est né », tantôt complet « le Christ nous est né, adorons-le ».

Et Durtal écoutait ce psaume magnifique, rappelant la création du seigneur et ses droits. Sur une mélodie vaguement dolente et d’une affection si affirmative et si respectueuse, les merveilles de Dieu se déroulaient et aussi ses plaintes sur l’ingratitude de son peuple.

La voix des chantres énumérait ses prodiges : « La mer est à Lui, c’est Lui qui l’a faite et la terre est l’œuvre de ses mains ; venez, adorons le Seigneur, prosternons-nous