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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/240

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que les vierges de Bruxelles et d’Aix ; le saint Joseph avec son petit cierge rappelle les saints Joseph de Van Der Weyden dont s’empara Memlic ; les bergers avec leurs cornemuses, les femmes qui adorent sans joie le Jésulus, gringalet comme presque tous les petits Jésus de ce siècle ; les anges qui déroulent des banderoles dans un paysage dont les nuances furent fraîches et claires, sont enviables, mais là encore, il y a je ne sais quoi de contourné et de frigide ; l’allégresse ne sourd pas de l’ensemble. Décidément ce Jacques Daret devait être un homme à ferveurs obturées, à prières sèches.

Avec tout cela, se dit-il, je ne vois pas, parmi cette série de primitifs, les vestiges de cette fameuse école de Bourgogne qui nous a valu, au louvre, une salle particulière, presque exclusivement composée de tableaux flamands.

J’ai beau fouiller les musées et feuilleter les comptes des divers officiers de la trésorerie de Bourgogne, je ne déniche que des gens originaires de la Hollande ou des Flandres ; je ne trouve aucun peintre qui soit issu des provinces de la France d’alors. N’est-il pas évident d’ailleurs que si de véritables artistes avaient existé, de leur temps, en France, les ducs de Bourgogne ne se seraient pas donné la peine de faire venir à grands frais des étrangers de leur pays ?

Imaginée par cette déraison spéciale qu’est la chauvinite de l’art, cette école n’est donc qu’un attrape-nigauds, qu’un leurre. — Mais, si, au lieu de ratiociner, je filais, reprit-il, en consultant sa montre. Il jeta un dernier coup d’œil autour de lui. Ce musée, se dit-il, mérite d’être adulé ; malheureusement, tout y est un